L’hôpital de Tours répond à l’urgence grâce au béton de bois

Général - 11/12/2024

Opération béton de bois à l’hôpital

Le recours à 8000 m² de panneaux préfabriqués dans la construction d’un établissement psychiatrique permet de tenir des délais serrés.

Démarré il y a un an, le chantier du nouvel hôpital psychiatrique de Tours (Indre-et-Loire) a pris son rythme de croisière. Comme prévu, 80% du gros œuvre sera réalisé à la fin du mois. Un résultat qui tient au choix d’utiliser des panneaux de béton de bois préfabriqués pour ce bâtiment de 13000 m² SP en R+1 qui comporte plusieurs espaces organisés autour de patios. Pensé pour être lumineux, l’ensemble comprend en moyenne 25% de surface vitrées, un pourcentage qui peut même atteindre 50% à certains endroits. «Point de structure en poteaux-poutres ici, ce sont les murs porteurs des façades qui soutiennent les planchers en
béton avec, uniquement du côté des patios, quelques prémurs de béton bas carbone», indique Stéphane Monaco, directeur des travaux adjoint chez Bouygues Bâtiment Centre Sud-Ouest (BBCSO), mandataire du groupement de maîtrise d’œuvre. In fine, 95% des voiles extérieurs sont en béton de bois, soit 8000 m² de modules pour épouser les différents volumes.

Rive coffrante. Ce matériau résulte d’une variante proposée par BBCSO au CHRU de Tours. Dans ces panneaux préfabriqués sur mesure sur le site de l’usine Spurgin, en Eure-et-Loir, à 200 km du chantier, le gravier et le sable sont remplacés par des granulats issus de bois de trituration. Le poids des modules s’en trouve allégé, à 250 kg/m². Plus épais (30 cm) que des prémurs classiques, ils assurent aussi une partie de l’isolation grâce à leur résistance thermique (R) de 1,9 m².K/W. Leur particularité est d’être dotés d’une rive coffrante de 10 cm de large. Une géométrie qui permet d’y poser les planchers tout en évitant les ponts thermiques au niveau de la jonction. Tout cela pour un bilan carbone négatif de – 17 kg CO2/m². Hauts de 3,61 m, les panneaux intègrent les différentes baies. Le béton de bois étant moins
résistant (4 MPa) que le béton classique, les modules comportent des chaînages métalliques de renfort au niveau des découpes. Un choix qui résulte de la concertation organisée très tôt avec tous les intervenants du chantier. « Ces modules étant sous appréciation technique d’expérimentation (Atex), nous avons fourni bien en amont du chantier un jeu de plans à chaque intervenant afin qu’il puisse s’approprier le produit et intègre les contraintes liées à l’Atex. Ce travail a facilité la validation des principaux détails d’exécution», indique Stéphane Monaco. Cette collaboration a aussi permis de définir précisément le calepinage et a parfois
abouti à fabriquer deux panneaux à partir d’un seul, trop lourd, afin de respecter les charges maximales admissibles par la grue. La principale contrainte liée au matériau, à savoir le temps de séchage de trois mois des panneaux préfabriqués contre trois semaines pour un béton traditionnel, devait aussi être prise en compte. «Le séchage complet en usine étant impossible, nous avons choisi de le terminer sur le chantier. Ainsi anticipée, la difficulté n’en était plus une », relativise le directeur des travaux adjoint. Côté logistique, les panneaux étaient acheminés sur le chantier par camion en «juste-à-temps ».

 

Précision de la pose. Sur site, l’assemblage s’effectue par clavetage. « La pose n’est pas vraiment plus longue, estime Sébastien Clément, chef de chantier chez BBCSO. Déjà pleins, les panneaux de granulats végétaux n’ont pas besoin d’être remplis de béton comme des prémurs classiques. Ils demandent cependant davantage de précision lors de leur mise en œuvre car, une fois fixés au sol avec un mortier-colle, ils ne bougent plus. » Ils seront ensuite enduits de matériau monocouche. La livraison de l’établissement est prévue pour la fin 2025.

 

Hubert Heulot – Le Moniteur 13 décembre 2024

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